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Au Cambodge, la saison des pluies se déroule de juin à octobre. Durant cette période, la pluviométrie très importante engendre des inondations. Pour remédier à cela, des initiatives voient le jour au niveau local. Aujourd’hui, nous nous intéressons à la construction d’une salle de danse dans la province côtière de Kep.

Un peu d’histoire …

L’histoire du Cambodge est mouvementée. Et Kep, ville côtière située au sud du pays, ne fait pas exception. Avant la période des Khmers Rouges, le roi Norodom Sihanouk a souhaité faire de Kep-sur-mer (en français dans le texte) le Saint-Tropez cambodgien. Mais le régime de Pol Pot a mis à sac la ville, car elle était la représentation de la ségrégation de classe. Depuis lors, la ville de Kep navigue entre la mémoire de ces beaux jours sous le règne du Roi Sihanouk et l’aspect fantomatique que celle-ci peut revêtir du fait des maisons abandonnées qui parsèment la ville.

En 2011, la princesse Sylvia Sisowath décide de fonder la Maison de la Culture et des Sports de Kep. En effet, de par son histoire et ses développements actuels, Kep a besoin de lieux permettant de recréer du lien entre la tradition cambodgienne et les nouvelles générations. Et c’est dans les territoires agricoles qui constituent la province côtière de Kep, où les enfants allaient jusqu’ici plus au champ qu’à l’école, que ce genre d’initiative est le plus nécessaire

Malheureusement, le régime de Pol Pot a été radical dans sa volonté d’exterminer tout savoir. L’architecture, la littérature et les arts sont entièrement à reconstruire sur la base de leurs ruines. C’est pourquoi il y a aujourd’hui au Cambodge un réel enjeu consistant à recréer des références architecturales et urbanistiques qui s’appuient sur l’intelligence des architectures vernaculaires de campagne.

La résilience à l’œuvre …

Fort de cette réflexion, la princesse Sylvia Sisowath a contacté l’architecte Arnaud Réaux, de l’agence « Nommos», une agence d’urbanisme travaillant essentiellement dans les secteurs des zones urbaines inondables, afin de construire un espace pour la musique et la danse traditionnelle. Ces architectes et hydrologues ont imaginé un bâtiment basé sur les 3 points fondamentaux des habitations cambodgiennes : l’utilisation de matériaux qui laissent passer l’air afin de créer une ventilation naturelle ; la création d’ombres grâce à de larges toitures ; et enfin la prise en compte des deux saisons.

Cette prise en compte s’articule autour de deux points. Premièrement, l’orientation de la toiture du bâtiment permet de rediriger les eaux pluviales vers la noue qui se trouve le long de la route. L’eau s’infiltre ensuite dans la nappe et la recharge. La Maison de la Culture et des Sports puise ensuite l’eau dans la nappe par le biais d’un puits se situant juste à côté du bâtiment. Deuxièmement, la Maison est construite sur un ancien terrain de rizière ; en saison des pluies, il y a entre 10 et 20 cm d’eau sur le terrain. Pour permettre l’activité de danse durant la saison des pluies, la salle de danse est pourvue de deux niveaux : un à 16cm et un à 32 cm. Le premier étant pensé pour disparaître pendant les grandes pluies.

Ce projet se fait en collaboration avec des ouvriers locaux, seuls à même d’informer les architectes et hydrologues présents des spécificités géographiques et hydrologiques du terrain. « Nous ne sommes pas là dans l’optique de leur apprendre quoi que ce soit, mais plutôt de créer un échange, nous rappelle Arnaud».

La construction a commencé le 26 novembre 2014, et la fin du projet est prévue pour le 10 janvier 2015. Pour suivre le projet au quotidien, n’hésitez pas à rejoindre leur page Facebook !

( source : http://le-blog-du-syage.org/danser-la-saison-des-pluies-larchitecture-resiliente-travers-le-monde/ )

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avril 5, 2016

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